N° 110 La pollution à Lyon en baisse depuis 20 ans
18 décembre 2020 A 12:03 par Justin Boche
Bien que critiquée, et totem de la lutte contre la pollution, la voiture individuelle n’est pas la seule coupable de la pollution à Lyon, dont les sources sont multiples. D’après le bilan 2019 d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, les transports émettent 61 % des NOx (ensemble des oxydes d’azote), 19 % des PM10 (particules fines dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres) et 18 % des PM2,5 (particules fines dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres). La voiture individuelle est elle-même responsable de près de la moitié de ces émissions. Lors de l’épisode de pollution aux particules fines de novembre, 80 % des émissions étaient produites par les chauffages domestiques, explique Mario Duval, ingénieur chez Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.
La mise en place de la circulation alternée, qui a interdit la circulation des Crit’Air 3, 4 et 5, n’a finalement eu que peu d’impact sur l’amélioration de la qualité de l’air. “La seule solution serait de dire ‘on arrête de se chauffer’, mais ça ne ferait pas rire grand monde, ironise l’ingénieur. Donc à court terme, on ne peut jouer que sur les leviers transports et industrie. À l’inverse, sur le plus long terme, les collectivités et l’État travaillent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des logements en renouvelant les modes de chauffage.”

D’ici 2026, la Zone à faibles émissions de la métropole de Lyon devrait interdire tous les véhicules particuliers diesel et n’autoriser que les véhicules dotés d’une vignette Crit’Air 0 ou 1. Un changement majeur pour les ménages, mais dont l’intérêt pour réellement faire baisser la pollution à Lyon est plus que discuté.
Une métropole de Lyon sans diesel pour 2026. C’est ce qu’a annoncé Bruno Bernard mi-novembre. Le président du Grand Lyon souhaite interdire ces véhicules et tous ceux n’ayant pas de vignette Crit’Air 0 ou 1 d’ici la fin du mandat dans la Zone à faibles émissions qui englobe Lyon, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire et qui pourrait être élargie d’ici là. Cette mesure répond à une double injonction.
Légale d’abord, puisque la Commission européenne a mis en demeure la France pour lui demander d’exécuter un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 24 octobre 2019 qui avait condamné notre pays pour non-respect de la directive européenne de 2008 sur la qualité de l’air, et pour avoir “dépassé de manière systématique et persistante la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote (NO2) depuis le 1er janvier 2010”. Parmi les agglomérations ciblées, celle de Lyon : si les niveaux de NO2 baissent globalement depuis plusieurs années, ils restent supérieurs à la valeur limite annuelle réglementaire de 40 μug/m3, particulièrement dans les zones les plus proches des grands axes. En 2019, la valeur moyenne a atteint près de 65 μug/m3 dans le tunnel de la Croix-Rousse et un peu plus de 60 μug/m3 sur le boulevard périphérique.
La deuxième injonction est, elle, sociétale. L’aspiration à mieux respirer en ville faisait partie des principaux thèmes de la dernière campagne des municipales qui a porté les Verts au pouvoir dans plusieurs grandes villes de France. Par ailleurs, dans son dernier baromètre annuel, le cabinet en conseil immobilier Arthur Loyd a de nouveau placé la capitale des Gaules en tête des très grandes métropoles, mais a pointé du doigt les risques que fait peser la mauvaise qualité de l’air sur son développement futur. “Lyon est la ville dont la qualité de l’air est la moins bonne parmi ses concurrentes. Attention à ne pas négliger la qualité de vie qui joue un rôle de plus en plus prégnant dans l’attractivité des métropoles”, écrit le cabinet.
En choisissant la fin de son mandat comme date butoir pour mettre en place une Zone à faibles émissions (ZFE) plus restrictive, Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon, espère faire changer les habitudes de mobilité des Grands Lyonnais. Il compte notamment sur le doublement des investissements du Sytral pour proposer des solutions à ceux qui veulent laisser leur automobile au garage, voire au garagiste.
Lyon Capitale : Pourquoi vouloir mettre en place cette ZFE ?
Bruno Bernard : Avant de parler de sa mise en place, il faut rappeler que son principe a été voté début 2019 à l’unanimité du conseil. C’était transpartisan et cela ne concernait que les poids lourds et les véhicules utilitaires légers. Aujourd’hui il faut aller beaucoup plus loin. La politique contre la pollution s’appuie sur plusieurs luttes : la circulation, le chauffage au bois, l’isolement des bâtiments, mais aussi le travail à faire avec les industriels. Sur la circulation, qui est une source de pollution importante concernant le dioxyde d’azote (NO2), les particules fines et l’ozone, on marche sur deux pieds. Le premier, c’est un développement massif des transports en commun. Le deuxième, c’est la ZFE. Le deuxième n’est possible que si l’on est bon sur le premier.