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L'électricité, première source d'émissions de CO2 dans le monde

Pour encourager ce changement de paradigme, le politique n’a d’autre choix que de se montrer ambitieux, à l’image du gouvernement Vivaldi qui a annoncé que tous les nouveaux véhicules de société devront être neutres en carbone d'ici à 2026. C’est bien, mais loin d’être suffisant. Pour atteindre les ambitieux objectifs climatiques, les scientifiques ne préconisent pas seulement un changement drastique des comportements. Ils appellent aussi (et surtout) à la mise en place de politiques énergétiques gouvernementales autrement plus fortes, afin d'encourager les investissements et le développement technologique.

Un mix énergétique futuriste pour suivre la demande et respecter le climat Nous l’aurons compris, nos sociétés seront obligées de s’électrifier plus avant ou ne seront plus. Il nous faudra donc produire plus d’électricité et la produire mieux. Le mix de production énergétique du futur se devra d’être décarboné. Il n’y a pas le choix. Et dans cette optique, il est évident que les énergies renouvelables auront un rôle prépondérant à jouer. VERS UNE ÉCONOMIE MONDIALE NEUTRE EN CARBONNE EN 2050 L'évolution nécessaire en tonne équivalent pétrole des différentes sources de production afin d'arriver à une économie mondiale neutre en carbone en 2050

La tonne d'équivalent pétrole (tep) représente la quantité d'énergie contenue dans une tonne de pétrole brut, soit 41,868 gigajoules.

Selon son scénario «zéro carbone en 2050», l’AIE prévoit que les capacités de production d'électricité renouvelables (éolien, solaire et hydroélectrique) devront atteindre 60% de l'offre mondiale d'ici 2030, contre 27% en 2019. Pour que ces objectifs soient atteignables, l’agence estime que les investissements annuels devront passer de 760 milliards de dollars en 2019 à près de 2.200 milliards de dollars en 2030. Ce triplement des capitaux assignés au renouvelable devrait, entre autres, permettre d’ajouter 500 GW de capacités photovoltaïques chaque année,de développer l’éolien terrestre et en mer, et d'investir massivement dans les réseaux électriques. Dans ce scénario, le nucléaire occuperait 10% du mix énergétique tandis que le gaz jouerait un rôle transitoire. Le charbon, lui, devrait être progressivement abandonné.

LE MIX DE PRODUCTION ÉNERGÉTIQUE BELGE EN 2030

En Térawatt/heure | Sans nucléaire, le renouvelable est amené à représenter 50% du mix énergétique d'ici 2030. En attendant, le gaz jouera un rôle transitoire.

Source: FEBEG / EnergyVille / L'Echo

En Belgique, alors que le gouvernement Vivaldi a confirmé la sortie du nucléaire en 2025, le consortium de recherche EnergyVille prévoit que le mix énergétique belge sera composé de 50% d'énergie renouvelable à compter de 2030, ce qui sera rendu possible par l’adjonction de 4,6 GW de capacité éolienne offshore, d'autant pour l'éolien terrestre, ainsi que de 11 à 12 GW de solaire. En attendant, les chercheurs estiment que pour combler les 3,85 GW laissés vacants par la fermeture des centrales nucléaires, le gaz, subsidié par le biais du mécanisme de rémunération de la capacité (CRM), jouera un rôle transitoire. Une transition qui s’accompagnera d'un pic d'émissions de CO2 en 2026 avant un retour à un niveau inférieur à l'actuel en 2030.

Le renouvelable seul ne fera pas le poids Mais le renouvelable ne raconte pas toute l’histoire. D’autres technologies se devront d’épauler les nouveaux moyens de production d’électricité – qui pêchent par leur intermittence – afin de garantir la sécurité d’approvisionnement de réseaux sans cesse plus gourmands. Il y a bien sûr la question du nucléaire, lui aussi neutre en CO2, dont l'avenir est décidé au cas par cas par chaque pays. Il y a aussi les infrastructures de réseaux électriques, qui nécessitent des investissements colossaux: selon l'AIE, environ 730 milliards de dollars devront être investis par an pour les étendre, les moderniser et les digitaliser.

Au-delà des réseaux, le monde industriel devra sérieusement s’attaquer aux technologies porteuses, notamment en ce qui concerne le stockage, nerf de la guerre de l’électricité depuis sa découverte. Citons ici l’hydrogène, produit par l’électrolyse de l’eau, qui rend possible le stockage d’électricité, et donc la création de carburant vert, à condition que l’électricité utilisée pour le produire soit issue de capacités renouvelables. Ici, les ambitions sont de taille. La Commission européenne prévoit par exemple le passage de 1 à au moins 6 GW d’électrolyseurs d’ici 2024, ce qui nécessiterait 20 à 40 milliards d'euros d’investissement, en plus des centaines de milliards nécessaires pour renforcer la production d'énergie verte. Pour 2030, le secteur pense pouvoir atteindre 40 GW d'électrolyseurs sur le sol européen, et autant dans le voisinage de l’Union.