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Autorisation du rétrofit en France : un nouveau pas vers la mobilité électrique

Transition énergétique, Éclairage économie circulaire Législation mobilité Rétrofit véhicule électrique

Donner une seconde vie à sa vieille voiture au lieu de l’envoyer à la casse et de s’en séparer à tout jamais ? C’est désormais possible, grâce au rétrofit !


Le rétrofit ou comment ressusciter sa vieille voiture Le rétrofit est une technique qui permet de convertir n’importe quel type de véhicule thermique (voiture, bus, moto, scooter, camion, véhicule utilitaire …) en véhicule électrique, à batteries ou pile à combustible telle que l’hydrogène. Elle vise surtout les vieilles voitures et les voitures polluantes, dont le kilométrage est largement dépassé, ou qui sont soumises aux restrictions de circulation grandissantes dans les villes. Cette solution de mobilité durable, qui existe pourtant depuis longtemps, est enfin rendue possible en France par la législation. C’est l’aboutissement d’un long travail de négociation entre les acteurs de la filière et des services de l’Etat. Une législation française jusqu’alors bloquante Le rétrofit, pourtant adopté dans plus de quarante pays dans le monde, notamment en Angleterre, en Allemagne, et même très populaire aux Etats-Unis, était jusqu’alors rendu impossible par la législation française. En effet, pour être autorisé à rouler, un véhicule doit être homologué. Or, la loi de 1954 stipule qu’à la suite d’une « transformation importante » d’un véhicule, comme un changement de moteur, il faut d’abord obtenir l’accord du constructeur avant de demander une nouvelle homologation. En pratique néanmoins, le constructeur ne donne pas son accord pour deux raisons :

  • La première est qu’il ne souhaite pas engager sa responsabilité, même si la transformation est réalisée par un professionnel du rétrofit. De plus, il n’est pas envisageable de faire passer des tests à un seul véhicule rétrofité pour des raisons logistiques et de coûts ;

  • La seconde est qu’il est dans l’intérêt du constructeur de vendre des voitures neuves.

Le projet d’arrêté, en cours de signature par la Commission Européenne, devrait voir le jour courant février 2020. Il permettra de simplifier la procédure administrative mentionnée précédemment, et ouvrira ainsi les portes au marché du rétrofit en France. Les sociétés de rétrofit pourront traiter directement avec le groupe en charge des homologations, et réaliser des tests par type de véhicule. A condition qu’ils aient plus de 5 ans, les véhicules thermiques rétrofités pourront donc obtenir une homologation, et le propriétaire du véhicule n’aura qu’à demander une nouvelle carte grise à la préfecture. Le rétrofit s’inscrit dans un modèle vertueux d’économie circulaire Le rétrofit est une véritable révolution de la mobilité écologique et économique. Il répond d’abord à des enjeux majeurs de développement durable, en accélérant le déploiement de la mobilité décarbonée, puisque n’importe quel véhicule peut être transformé. Mais surtout, ce projet s’inscrit dans une dynamique plus globale d’économie circulaire, qui est un modèle d’économie durable dans lequel la croissance va de pair avec la préservation de l’environnement. Grâce au rétrofit, on évite à la fois l’achat d’une voiture neuve et la destruction d’une voiture usagée, et on « upcycle » (recyclage upgradé) sa voiture qui est encore en état de rouler. En plus de préserver l’environnement, le rétrofit génère des économies sur le long terme pour les automobilistes, grâce à des coûts énergétiques et de maintenance amoindris. En plus d’un coût de l’électricité moindre à celui de l’essence, l’entretien des véhicules électriques est en moyenne quatre fois moins coûteux que celui d’un véhicule thermique. On s’attend à la création d’une véritable filière industrielle du rétrofit en France, à batteries aujourd’hui, et à l’hydrogène demain, génératrice de nombreux emplois sur l’ensemble du territoire. En somme, nous pouvons considérer le rétrofit comme une pratique vertueuse, et ce, à plusieurs niveaux. Un fort potentiel pour l’économie française C’est l’association AIRe (Acteurs de l’Industrie du Rétrofit électrique), fondée en 2018 et co-présidée par Arnaud Pigounides et Gérard Feldzer, qui a fortement milité pour ce changement de règlementation. Elle regroupe déjà les principaux acteurs français de l’écosystème – parmi lesquels Carwatt, Retrofuture Electric Vehicles, Transition-One et Phoenix Mobility – et s’attend à dépasser les 15 membres en 2020. L’AIRe est convaincue qu’il existe un fort potentiel pour l’économie française : si en 5 ans, 1% du parc automobile français était transformé (environ 400 000 véhicules), cela engendrerait un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros et permettrait de créer 42 000 emplois. Le volume d’affaires pour les seules batteries étant d’1,3 milliard d’euros dans cette hypothèse, on comprend une fois de plus l’intérêt d’un « Airbus des batteries » en Europe pour contrebalancer la situation de quasi-monopole de l’Asie face à ce marché encore émergent. Des positionnements encore très hétérogènes face à l’émergence du marché Combien cela coûte-t-il de transformer son véhicule thermique en électrique ? Il n’existe bien sûr pas de réponse unique à cette question, d’autant plus qu’il faudra du temps avant que les modèles économiques des entreprises spécialisées ne se stabilisent. On annonce pour l’instant un prix moy